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Interview avec Dj KHalzo : « Etre mauritanien, ce n’est ni être blanc ou noir c’est d’avoir la Mauritanie dans le cœur »

vendredi 29 juin 2012


Khally Mamadou Diallo, jeune animateur musical, s’est battu contre vents et marées pour s’imposer dans le monde hostile de l’animation. Connu de toute la jeunesse mauritanienne pour son engagement dans le développement de la culture, "DJ kHalzo " comme l’appellent ses intimes, a suivi des études supérieurs au pays de la Téranga, le Sénégal. Dès son retour en Mauritanie, il est copté dans la nouvelle télévision de Baba Ould Salek, la " Maurivision " où il anime l’émission " Buzz Music " parallèlement aux préparatifs de son projet humanitaire en cours. Entretien.

L’Authentique : Parlez-nous de votre parcours ?

DJ Khalzo : d’abord je vous remercie pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer à travers votre prestigieux quotidien. Ce sont des débuts difficiles que j’ai vécus, parce que j’étais rappeur avant de devenir animateur dans le groupe (Children of Black Africa) CBA, formé avec Abou du groupe Habobé Bassal ensuite BE ONE BLACK avec MY FLOW. Tout a commencé dans un concert qui se déroulait à l’ancienne maison des jeunes que devait animer le très connu animateur Tourad.
Absent ce jour là, il devait être remplacé. Le choix portait sur moi, du simple fait que les gens constataient que je m’exprimais assez bien en français. C’est ainsi que DJ Khalzo est né, et c’est à partir de là qu’il a fait carrière.

L’Authentique : en tant qu’acteur culturel, comment voyez-vous actuellement la scène culturelle de notre pays ?

DJ Khalzo : je pourrais dire qu’elle est très médiocre parce que pour qu’il ait un sens de patriotisme chez l’analphabète ou chez l’intellectuel, il faudra mettre la culture au service de la communication participative. C’est-à-dire rendre les citoyens patriotiques à travers la culture. Si tout le monde connait la définition du drapeau de la Mauritanie, si on responsabilise cette jeunesse laissé-pour-compte, là on pourra dire que la situation culturelle mauritanienne est capable d’être au top. Comment pourrez -vous comprendre que tous les pays de la sous région à l’instar du Sénégal qui n’a rien de plus que la Mauritanie, arrivent à réaliser un boomerang dans le monde de la culture alors que la jeunesse mauritanienne reste enfermée. Quand elle organise une activité ou un spectacle, le premier incident auquel elle devra faire face, est cette police qui l’a autorisée à s’exprimer. Et c’est cette police même qui va se présenter pour arrêter le spectacle, jouant au chat et la souris pour soutirer de l’argent alors que l’autorisation a été déjà payée. Nos leaders politiques oublient que cette jeunesse qu’on ne responsabilise pas, c’est elle même qui va gouverner demain. Donc si on ne prépare pas le lendemain de cette jeunesse, notre culture ne fera pas de pas en avant. Parce qu’elle est portée par une jeunesse délaissée majoritaire de la population mauritanienne.

L’Authentique : à qui la faute ?

DJ Khalzo : personnellement si le ministère ne fonctionne pas, c’est-à-dire que la hiérarchie n’est pas bonne. C’est comme ça que nous les acteurs culturels voyons les choses. Nous n’avons pas d’appartenance ou de connotation politique. Nous sommes des jeunes fiers d’être mauritaniens que nous avons toujours représenté, que nous représenterons toujours. Il est temps que le Président de la République ouvre les yeux, pour qu’il sache qu’il y a des jeunes diplômés qui soufrent , remplis d’enthousiasmes, de volonté, de détermination et qui sont prêts à relever le défi pour la Mauritanie. Ceci est valable pour l’ensemble de la chaine leader politique de ce pays quelle soit de l’opposition ou du pouvoir. Il est temps qu’on donne à ces jeunes là, leur place. Qu’on arrête de les utiliser pour les campagnes électorales et ensuite les jeter une fois le pouvoir acquis. D’ailleurs ce n’est pas un pouvoir parce qu’un pouvoir doit servir une population et un peuple et non certains hommes, des tribus, des amis. C’est un monde business et non un pouvoir. Le ministère doit arrêter sa discrimination et créer le N.T.M comme au Sénégal, le Nouveau Type de Mauritanien. Aujourd’hui, nous ne sommes pas complexés de calquer beaucoup des choses de l’extérieur, mais nous les appliquons en réfléchissant. Parce que nous aussi, nous avons notre réalité. Notre ministère de la culture à un budget plus colossal que le ministère de la culture sénégalaise. Pourquoi la scène culturelle est au même stade. Récemment pour la sortie de l’album de RJ, nous étions obligés de déboursé 150 000 um pour obtenir la salle.

L’Authentique : dans votre métier, il y a un énorme désamour entre les animateurs, que pensez-vous de cela ?

DJ Khalzo : je peux accepter ce qu’on appelle la rivalité légale mais je ne peux pas concevoir qu’une personne qui aujourd’hui est l’ainée de tous les animateurs mauritaniens veuille monopoliser le micro. Ceci est révolu partout. Chaque génération doit être fière de son époque et chaque époque réclame une nouvelle mentalité. Il est temps que les gens sachent que nous les jeunes animateurs nous avons notre part du gâteau même s’il y a des animateurs qui ont duré 20 ans dans le métier. Certes, Khalzo restera lui-même parce qu’il est entré dans le monde de l’animation pour en faire un métier. Pendant que certains animateurs me disaient laisse les rappeurs, la culture en Mauritanie ne marche pas. Ce n’était pas de laisser les rappeurs ou la culture, la vérité est que ces gens ne voulaient pas que je me retrouve dans l’animation. Cette dernière est un moyen de rapprocher tous les mauritaniens. Parce que être mauritanien, ce n’est ni être blanc ou noir c’est d’avoir la Mauritanie dans le cœur.

Propos recueillis par Cheikh Oumar N’Diaye.

Source : Journal L’Authentique