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« Notre cible est l’État mauritanien, pas nos compatriotes », rappellent les antirecensements

jeudi 6 octobre 2011


Par RFI

Après une semaine de manifestations dans différentes villes de Mauritanie, le collectif Touche pas à ma nationalité, qui regroupe les opposants au recensement, a tenu à rappeler que le mouvement, animé par la communauté négro-mauritanienne, était dirigé contre une décision de l’État et non pas les Mauritaniens arabo-berbères dont certains ont été victimes des émeutes de Nouakchott.

Avec ce recensement national, entrepris depuis mai 2011, la population négro-mauritanienne craint une remise en question de sa nationalité qui leur est demandée de prouver par des pièces administratives presque « impossibles à réunir », selon des organisations de défense des droits humains.

En outre, les questions posées par les agents recenseurs aux futurs inscrits sont basées sur des critères subjectifs et discriminatoires.

Lors de la manifestation de ce jeudi 29 septembre 2011, à Nouakchott, certains passants et commerces arabo-berbères avaient été la cible de jets de pierre faisant craindre une montée des tensions intercommunautaires dans un pays qui a déjà connu de violents conflits entre populations noires et arabo-berbères.

Abdoul Birane Wan, le coordinateur du collectif Touche pas à ma nationalité a donc appelé ses sympathisants à ne pas se tromper de cible : « Nous combattons ce régime qui nous refuse nos droits les plus légitimes. Nous n’avons rien contre nos frères arabo-berbères qui sont des citoyens comme nous. S’il y a eu des violences, cela résulte d’une situation incontrôlée mais nous n’avons rien contre nos frères arabo-berbères (…). On constitue un seul couple et on est condamné à vivre ensemble ».

La veille de cette conférence de presse, le ministre de l’Intérieur Mohamed Ould Boilil avait annoncé l’arrestation de 56 personnes dont 13 étrangers qui « encadraient les auteurs des actes de vandalisme et de destruction des biens des citoyens ».

Cette version est contestée par Abdoul Birane Wan : « Les émeutes ont commencé dans le quartier Medina 3 [lquartier du centre de recensement de Nouakchott, NDLR] où tout le monde sait qu’il y a une forte présente d’étrangers, surtout des Sénégalais. Ces policiers se sont permis de rentrer dans les maisons. Ils ont arrêté un nombre important de Sénégalais, dont certains dans la rue, sachant bien sûr qu’ils n’ont rien à voir avec la marche, selon le coordinateur de Touche pas à ma nationalité, Il fallait tout simplement fabriquer des preuves pour montrer que ce sont des étrangers qui sont en train de semer des troubles dans le pays ».

Chacun campe sur ses positions. Le collectif a promis de rester mobilisé jusqu’à la suspension du recensement. « Recensement qui suivra son cours », affirme de son côté le ministre de l’Intérieur mauritanien.

Une marche anti-recensement a tourné à l’émeute à Nouakchott ce 29 septembre 2011. Manifestants et forces de l’ordre se sont violemment affrontés. Des commerces et voitures ont été brûlés. Plusieurs personnes ont été blessées.

En 2009, les autorités mauritaniennes ont décidé d’organiser un recensement afin de mettre en place un système d’identification biométriques. Selon elles, le procédé permettrait de lutter efficacement contre les faux-papiers et l’immigration illégale.

Cette décision a ravivé les tensions entre communautés mauritaniennes.

Source : RFI